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« L’aboutissement de la philosophie dans l’anthroposophie n’exige rien de moins qu’un point de vue complètement nouveau, au-delà de toute réflexion ou spéculation, un organe particulier et supérieur de conscience et de connaissance. » — I. P. V. Troxler

Par l’exercice et par la méditation, la pensée se dépasse elle-même et s’élargit pour devenir expérience spirituelle. Sans quitter le sol de la pensée claire, l'anthroposophie propose d'élargir le champs de l'expérience intérieure. Il s'agit de sortir la conscience individuelle de son isolement pour l'ouvrir sur le champs de l’altérité, de l'âme du monde. Cette expérience est toute intérieure, mais elle peut être communiquée de manière compréhensible et reproduite intérieurement par d'autres. Comme il s'agit d’une connaissance intérieure, elle ne peut pas être vérifiée directement par des méthodes scientifiques extérieures. La science expérimentale extérieure peut étudier certains effets extérieurs résultant de l'activité pensante et méditative, mais ses outils n'ont pas accès directement à l'expérience spirituelle. C'est pourquoi on parle aussi de connaissance « ésotérique », car eso (ἔσω) signifie « à l'intérieur », par opposition à exo (ἔξω) qui signifie « à l' extérieur ». Il est connu que les philosophes de l’antiquité transmettaient aussi un enseignement qualifié d'« ésotérique » ou « acroamatique » (ἀκροαματικός), c'est à dire « destiné à l’oreille », qu’ils transmettaient à leur entourage proche. L'anthroposophie considère précisément que sa tâche est de rendre extérieur ce qui est intérieur. C'est précisément pour cela qu'elle se qualifie de  « science de l'esprit » : rendre accessibles et compréhensibles les résultats de l'expérience intérieure. L'anthroposophie se réalise dans cette respiration : elle prend ce qui est extérieur (exotérique) pour le rendre intérieur (ésotérique), puis inversement, elle traduit l'expérience esotérique (intérieure) pour la rendre exotérique (intelligible extérieurement).

L'exercice et la pratique méditative sont ici conçus au sens large. Il n'existe pas de méthode unique et universelle. Chacun est maître de sa discipline intérieure. Certains exercices se font dans le calme de la solitude, d'autres au cœur de l'agitation de la vie. Il peuvent se focaliser sur des objets extérieurs ou intérieurs. Toute la tradition spirituelle et philosophique de l’humanité recèle une foule d’exercices intérieurs permettant de créer des espaces pour l’expérience spirituelle. Rudolf Steiner donna de nombreux exemples d’exercices méditatifs dont chacun peut faire usage en toute liberté. Même si l'on observe que le développement intérieur suit certaines étapes, il n'y a pas de chemin tracé à l'avance car chaque individu est un monde fondé en lui-même. Les méthodes de méditation et de concentration visent l'épanouissement intérieur de l'individu dans son originalité, ainsi qu'une présence au monde plus intense et une connaissance en profondeur.

Si le scientifique dispose d’un laboratoire extérieur avec des instruments techniques extérieurs pour mener ses expériences, l’approfondissement d’une connaissance spirituelle suppose la création d’un laboratoire intérieur, d’un espace préparé pour la recherche spirituelle. Celui qui ne souhaite pas mettre en oeuvre une discipline permettant de créer cet espace ne peut réaliser cette recherche. La Société anthroposophique veut offrir des contextes favorisant la culture de cet espace expérimental intérieur tout en permettant sa formulation et sa communication à travers l’échange et la transmission.



Bibliographie
  • Kühlewind G. & Burlotte R., L'Expérience du « je suis », Méditations aux frontières de l'âme, Paris, Triades, 2003.

  • Steiner R. & Ducommun G., L'Initiation ou Comment acquérir des connaissances sur des mondes supérieurs ?, Genève, Éditions anthroposophiques romandes, 1992.

  • Strube J. & Letouzé T., Pensée clairvoyante et Perception du vivant, Laboissière-en-Thelle, Triades, 2012.

  • Zajonc A. & Lenormand P., La Méditation, une Recherche contemplative, Laboissière-en-Thelle, Triades, 2012.


    Odilon Redon, La cellule d’or, 1892-1893 – Huile et peinture métallique dorée sur papier préparé en blanc — 30,1 × 24,6 cm© The british museum, Londres — Distribution Rmn / Stéphane Maréchalle
    Odilon Redon, La cellule d’or, 1892-1893 – Huile et peinture métallique dorée sur papier préparé en blanc — 30,1 × 24,6 cm© The british museum, Londres — Distribution Rmn / Stéphane Maréchalle

Connaissance de soi et méditation

Sans exercice spirituel, l’anthroposophie ne peut être expérimentée. Pour l’anthroposophie, la connaissance de soi et la connaissance du monde avancent main dans la main.

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