Avec la modernité, l’intelligence rationnelle a permis de grands progrès. La rationalité a imprégné toute la civilisation et une grande partie de la vie spirituelle. Sur le plan de la personne humaine, elle a permis d’émanciper l’individu de l'autorité spirituelle des religions pour qu'il puisse se fonder en lui-même. Elle a profondément transformé les formes d'organisation sociale. Elle a donné naissance à une science empirique et à un développement technologique inégalés, qui placent l’être humain dans un rapport tout à fait nouveau vis-à-vis de la nature et de lui-même. Ces développements constituent une évolution historique vers une humanité plus mature.

Ce bouleversement a cependant aussi jeté une ombre qui devient toujours plus menaçante : destruction de la biosphère, perte de sens et matérialisme prédateur. La situation exige de retrouver une pensée vivante, globale, qui intègre le vécu intérieur et ouvre son champ d’exploration aux questions humaines et spirituelles.

L’être humain peut développer sa pensée, son empathie et sa perception pour explorer par lui-même ces champs d'expérience qui dépassent - sans pour autant l’abandonner - la seule rationalité. Chaque phénomène du monde peut être abordé pour y trouver l'idée, l'archétype qui l'habite et le type de conscience, l'intériorité qui l'anime. À travers la démarche phénoménologique inaugurée par Goethe, basée sur une observation rigoureuse et patiente, une pensée vivante peut appréhender la nature vivante là où la seule rationalité ne saisit que les mécanismes sans vie. C’est le but de l’anthroposophie. Elle mène ainsi à ce que des chercheurs ont appelé une « éco-alchimie » (Dan McKanan) ou une « écologie spirituelle » (Aurélie Choné).

Cette approche phénoménologique peut s'appliquer à tous les domaines de la connaissance. Elle cherche à dévoiler ce qui est caché dans tout phénomène. De cette manière, chacun peut explorer les grandes questions existentielles par lui-même. Il trouvera alors de nombreuses inspirations dans l'œuvre de ceux qui ont déjà exposé leurs recherches depuis les temps les plus reculés. Selon la vieille sentence antique : « connais-toi toi-même », l'être humain peut aussi s'observer lui-même de manière phénoménologique. Il s'aperçoit qu’il n’est pas isolé de la nature et du cosmos, qu'ils résonnent aussi en lui. Inversement, il s'aperçoit que la nature et le monde ont aussi une intériorité.

Bibliographie

• Betti M. & Letouzé T., La Naissance de la conscience imaginative, Laboissière-en-Thelle, Triades, 2016.

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• Goethe J., Steiner R., Bideau H. & Bideau G., La Métamorphose des plantes et autres écrits botaniques, Paris, Triades, 1992.

• Kranich E.-M. & Wisser R., La Plante primordiale de Goethe et le Règne végétal des lichens aux plantes supérieures, Laboissière-en-Thelle, Triades, 2010.

• Kranich E.-M., Wisser R. & Burlotte R., L'Animal, Approche d'une zoologie goethéenne, Laboissière-en-Thelle, Triades, 2006.

• Schad W. & Burlotte R., Le Regard périphérique ou Le Complément des Lumières, Laboissière-en-Thelle, Triades, 2015.

• Schmidt D., Forces de vie, Forces formatrices : Fondements méthodologiques pour une étude du vivant, études d'une méthode dans son contexte anthroposophique, Laboissière-en-Thelle, Triades, 2014.

• Steiner R., Goethe, le Galilée de la science du vivant : introductions aux œuvres scientifiques de Goethe, Montesson, Novalis, 2002.

Ce bouleversement a cependant aussi jeté une ombre qui devient toujours plus menaçante : destruction de la biosphère, perte de sens et matérialisme prédateur. La situation exige de retrouver une pensée vivante, globale, qui intègre le vécu intérieur et ouvre son champ d’exploration aux questions humaines et spirituelles.