
Le vernissage de l’exposition de Chantal Werner-Watcher s’est déroulé le 7 décembre dernier.
Cette fois, Chantal nous a présenté un ensemble de peintures conçues avec la technique de l'encaustique, technique peu utilisée, bien qu’elle soit connue depuis des siècles. Car il est question de technique et de recherche dans cette exposition. On pourrait dire que le propre de l'art plastique, c'est ce double mouvement qui consiste à faire, puis observer (trouver, ne pas trouver, continuer). Poser la matière en peinture, enfoncer la gouge ou le burin en gravure, rajouter de la terre ou enlever de la pierre en sculpture, et voir enfin ce qui se passe, ce que cela donne.
À chaque fois qu’il se sert de l’outil, l'artiste observe ; des formes, une lumière particulière, un contraste de tonalités, un dialogue des couleurs. Picasso disait : « Je ne cherche pas, je trouve ! », mais certains enregistrements le montrent regardant ses tableaux pendant de longs moments, fumant sa cigarette. Il ne cherchait peut-être pas, mais il observait. Il se donnait le temps d'observer attentivement ce qui s’était passé après qu'il avait posé ses couleurs.
Je viens de dire qu'il était question de recherches et de découvertes dans cette exposition, nous pourrions parler aussi d'attentes et de rencontres. Car, bien au-delà du fait de chercher ou de ne pas chercher, il faut un état d'esprit particulier pour accueillir ce qui vient. Il faut pouvoir attendre ce qui se donne à voir de façon surprenante, comme une apparition, parfois même une révélation.
Chantal Werner-Watcher nous présente le fruit d'un véritable travail de recherche. Il aboutit non seulement à ces images qu’elle expose, mais aussi à la rencontre avec la cire, élément principal de « l’encaustique », devenue, depuis lors, son alliée, son interlocutrice préférée. Nous sommes donc invités à contempler. Il faut vouloir attendre et participer à l'œuvre à travers cette attente même. Comme si le tableau était encore inachevé, comme s’il attendait chacun de nous pour être terminé. Il revient à chaque spectateur de parachever l’image.
Ainsi, en parcourant cet ensemble : visages, ambiances, personnages inconnus jusque-là, paysages encore inexplorés, animaux insolites, et pourquoi pas la Voie lactée tout entière… tout cela se manifeste à notre regard, pour peu que nous soyons attentifs. Une exposition à visiter donc, et à revisiter, et à chaque passage, de nouvelles trouvailles viennent à notre rencontre, comme si cela nous était révélé pour la première fois. Il faut juste contempler et attendre.
« Si tu sais regarder des murs souillés de taches, ou faits de pierres multicolores, avec l'idée d'imaginer quelques scènes, tu y trouveras l'analogie de paysages aux décors de montagnes, rivières, rochers, plaines, vallées et collines de toutes sortes. Tu pourras si tu le souhaites y voir aussi des batailles, des figures aux gestes vifs ainsi que d'étranges visages et costumes et une infinité de choses, que tu pourras ramener à une forme nette et compléter. (...) J'ai pu voir dans les nuages et les murs des taches qui m'ont stimulé à de si belles inventions de différents sujets... » Léonard de Vinci
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